Comment fabrique-t-on de la neige artificielle / de culture?

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Des hivers plus chauds où le manque de neige va de pair, un fort engouement pour les sports d’hiver… Autant de raisons qui poussent les stations de ski à recourir à l’installation d’équipements assurant des pistes enneigées pour la saison. 

La neige de culture, ou plus communément appelée la neige artificielle ou encore fausse neige, est une ressource alternative qui est choisie par de nombreuses stations telles que Valloire, les Arcsles Menuires, pour faire face au manque de neige. Pour la fabriquer, un processus bien précis est engagé : alors quelle est la recette de cette neige qui recouvre les pistes ? Nous vous expliquons tout ci-dessous. 

La fabrication de “l’or blanc” : des conditions précises à respecter 

On pourrait penser qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour déclencher les canons à neige… « C’est bien plus compliqué que cela », assure Nicolas Courseaux, responsable technique du service neige d’ADS, la société qui exploite le domaine skiable des Arcs, en Savoie. Depuis son poste de contrôle, basé dans le flambant neuf centre technique des deux Têtes, il a un œil sur tout : fonctionnement du réseau d’enneigement, état des pistes et niveau de température humide… 

Pour la fabrication, le principe est relativement simple. Il suffit de pulvériser de nombreuses particules d’eau dans un air suffisamment froid de manière à ce qu’elles gèlent avant même de toucher de sol. Pour ce faire, l’air doit avoir une pression comprise entre 20 et 80 bars afin d’obtenir des flocons. Ce processus est relativement facile pour des températures très froides, comme par exemple lorsqu’elles atteignent les -10 degrés, mais beaucoup plus compliqué quand elles avoisinent les 0°. 

Outre la température, il faut également tenir compte du taux d’humidité dans l’air : plus celui-ci est élevé, plus il doit faire froid pour obtenir de la neige artificielle. En effet, plus l’air est doux, plus il est saturé en humidité. 

Au sein d’un domaine skiable, c’est le nivoculteur qui est en charge de produire la neige de culture. Il anticipe et planifie tout au long de l’année les différentes étapes pour assurer un manteau neigeux suffisant :  

  • en été : maintenance des équipements ; 
  • en hiver (novembre et décembre) : fabrication de la neige. « Chaque année, du 15 novembre au 15 décembre, nous effectuons environ 75 % de la production totale. Cela nous permet d’avoir déjà un manteau neigeux pour nos pistes à l’arrivée de la neige naturelle. Ainsi, lorsque cette dernière tombe, elle tient et se conserve plus facilement. On tient compte également des conditions d’enneigement et des événements sportifs », déclarait Nicolas Courseaux la saison dernière. 

Véritable métier de passionné, un noviculteur gère également :

  • les retenues collinaires (réserve remplie par les eaux de ruissellement résultant notamment de la fonte des glaces),
  • le réseaux sous terre d’acheminement de l’eau,
  • les pompes pour la pression, le tout géré depuis l’usine à neige. 

Dans la station des Arcs, un nouvel outil a été mis en place. Équipées de GPS, les dameuses, à leur passage, calculeront automatiquement l’épaisseur du manteau neigeux sous leurs roues.

Les données seront alors transmises au poste de contrôle : sur un écran, la carte du domaine apparaîtra avec des taches de couleurs différentes allant du bleu au rose, le bleu signifiant un manteau important, le rose un manteau faible. Objectif : « une production ajustée ». 

Le saviez-vous ? Il y a encore quelques années, les canons à neige (ou machine à neige) utilisaient un additif conçu pour augmenter le point de congélation des gouttelettes d’eau, mais compte tenu de ses propriétés, notamment concernant l’impact sur l’environnement, il n’est plus utilisé dans les domaines skiables. 

Les différents canons à neige 

On croise généralement deux types de canon à neige :  

  1. Les canons à neige monofluides : ils sont alimentés uniquement par un réseau d’eau et agissent tel un ventilateur. Facilement transportables et déplaçables, ils peuvent ainsi équiper plusieurs lieux de production. Leurs capacités de production sont plus élevées par rapport aux canons bifluides mais le coût d’acquisition est plus élevé. 
  2. Les canons à neige bifluides : ils sont alimentés par un réseau d’eau et un réseau d’air sous pression. Ils sont appréciés pour la facilité d’exploitation ainsi qu’un prix avantageux. Il s’agit du système le plus rependu en France. 

Quelle est la différence de qualité entre neige naturelle et neige de culture ? 

Malgré les avancées technologiques sur les enneigeurs et les différents modes de production, la qualité d’une neige artificielle n’est pas égale à une neige tombée naturellement. Plusieurs raisons sont mises en avant : une neige naturelle va tomber sous forme de flocons alors que la neige artificielle est comparable à des petits grains.

Cette différence s’explique par le temps de passage des gouttes d’eau dans l’air : lorsqu’elle tombe des nuages, elle passe plus de temps dans l’air ambiant alors que dans le cas d’un canon à neige, ce temps de suspension est de quelques secondes seulement, ce qui empêche la formation de flocons. Par conséquent, les gouttelettes d’eau n’ont pas le temps de former des flocons comme une neige naturelle. 

Comment se ressent cette différence sur les pistes ? 

Du point de vue de la pratique des sports de glisse, les skieurs vont noter une différence sur la densité de la neige. En effet, une neige artificielle pèse entre 330 et 450 kilogrammes par mètre cube alors que la neige naturelle est comprise entre 40 et 180 kg / mètre cube. Conséquence : la neige naturelle permet d’avoir davantage d’adhérence sur les pistes, alors que la neige de culture est plus fine et moins adhérente. 

Si aujourd’hui les stations de ski françaises ont fait le choix de s’équiper de canons à neige pour pallier le manque de chutes, cette solution reste une alternative de compensation pour assurer le fonctionnement des stations. Contrairement à d’autres pays comme les Etats Unis où des pistes sont entièrement recouvertes de neige artificielle, la France fait le choix d’une alternative écologique et de qualité pour le plaisir de la glisse.

Il est ainsi possible de skier pendant la pleine saison, même en cas de faibles précipitations. Bien entendu, la qualité n’est pas toujours aussi optimale qu’une neige naturelle mais cela donnel’assurance aux skieurs de pouvoir skier quel que soit le moment de la saison et de profiter pleinement des pistes. 

Si l’installation de canons à neige a longtemps été encouragée dans les domaines skiables, les préoccupations écologiques redistribuent les cartes. On le voit notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes où Marie-Pierre Mouton, présidente du département de la Drôme s’exprimait à ce sujet lors d’une conférence de presse le 27 juin 2022 : « Il faut faire avec notre temps et la ressource en eau est un bien précieux. Et on peut trouver des activités annexes pour continuer à faire venir des gens en montagne, que ce soit en hiver ou en été. »

Cela laisse entendre de nouveaux projets à venir, comme le reboisement des forêts en guise de coupe-vent afin de préserver la neige. 

A savoir : En France, la consommation d’eau est plus importante pour le remplissage des piscines privées que pour l’enneigement artificiel.

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